vendredi 25 mai 2012

Famille de décrocheurs

Quand je réfléchis au parcours professionnel de mon mari et moi, je ne peux que sourire. Il a laissé un Bacc en informatique pour devenir magicien. Pour ma part, j'ai quitté, dans ses tous débuts, un Bacc en administration à McGill pour aller vers l'enseignement, puis j'ai démissionné de mon emploi d'enseignante après 3 ans de pratique seulement.

Sommes-nous des décrocheurs?

Je ne peux m'empêcher de mon poser cette question, puisqu'il y a maintenant 2 jours, nous avons pris la décision de retirer notre fille de la garderie. Non pas pour une autre garderie, mais pour la garder avec nous.

Des fois, je me demande ce que les gens pensent de nous. Mon chum est un artiste qui travaille très fort pour faire vivre sa famille. Pour ma part, je suis difficile à classer, comme en témoigne le titre de mon blog. Et voilà que nous entraînons notre fille dans nos déboires?

Quand nous rencontrons quelqu'un pour la première fois ou que nous avons un rendez-vous sérieux - genre à la banque - vous devriez nous voir en train d'essayer de décrire ce que l'on fait dans la vie. Ou bien à quoi ressemble notre horaire. Ou notre salaire. On n'a ni titre (sauf Marc, mais Magicien c'est pas honnête honnête comme titre professionnel, comme peut en témoigner une conversation avec n'importe quel agent d'assurances), ni horaire fixe, ni salaire fixe... c'est un monde de flou.

S'il y a quelque chose qui n'est pas flou dans notre vie, par contre, c'est notre système de valeurs familiales. On est un peu grano, parfois végétarien, certainement écolo, très artistes, plutôt touche-à-tout. Notre fille est aux couches lavable et mange du yogourt nature. Nous faisons pousser notre nourriture au jardin potager communautaire. Nous ne regardons pas les nouvelles. Par choix. Nous récitons notre bénédicité à table avant chaque repas.

Gang de malades, me direz-vous.

Ben oui. Je ne peux pas vous contredire là-dessus. Pourtant, je trouve important de vivre les valeurs auxquelles je crois. L'amour. La créativité. Le partage. La gratitude. C'est peut-être quétaine, mais ça nous «ground». Et ce n'est pas toujours facile. Je ne suis pas sacro-sainte. Il nous arrive d'acheter des couches jetables, de manger chez McDo, de prendre le char pour aller en ville ou de se taper un marathon de films mettant en vedette Pauly Shore.

Notre fille a donc joint nos rangs en décrochant elle aussi. Jusqu'ici, nous étions très satisfaits du service de cette garderie en milieu familial, puis la responsable a dû quitter le pays précipitamment pour des raisons personnelles. Ce qui devait être temporaire s'est éternisé et on nous a finalement appris qu'elle ne reviendrait qu'à la fin juillet. Sans elle le service est devenu plutôt banal (je pèse mes mots). Les jeunes étaient encabanés à longueur de journée, regardaient la télé et mangeaient du junk food. J'ai eu le coeur brisé de la séparer de ses amis mais, en parents collés à nos valeurs que nous sommes, cela ne nous convenait plus. On s'est demandé si on voulait qu'elle aille dans une autre garderie mais, pour l'instant, la réponse semble être non.

Nous allons donc apprendre à travailler avec Lili-Rose à nos côtés. Nous sommes très réalistes. Ce ne sera pas aussi productif, mais cela nous va pour le moment. Notre routine devra être davantage remplie de jeux, de dessins et de sorties au parc. De couches, de berceuses et de collations aussi.



Je pense que je vais survivre. ; ) Je ne suis pas la première mère au monde à rester à la maison avec ses enfants, après tout? Ou le suis-je? Au Canada anglais, aux États-Unis et dans plusieurs autres pays, beaucoup de femmes choisissent de rester à la maison pour élever leurs enfants. C'est une réalité très peu présente au Québec. Rester à la maison pour s'occuper de ses enfants, ça ne fait pas très 21e siècle! Je suis une femme qui est allée chercher une formation universitaire, il semble donc attendu de moi que je place ma fille en garderie pour aller gagner ma vie de mon côté.

Dans ce contexte, je trouve notre choix quelque peu difficile à porter, même si je suis convaincue de son bien fondé.

Je vous tiendrai au courant des hauts et des bas de cette nouvelle aventure dans certains de mes articles. Souhaitez-moi bonne chance!


9 commentaires:

  1. Moi, je trouve ça très bien, tu assumes tes choix, tes valeurs. Bravo !

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  2. Je ne comprends pas pourquoi il y a encore des femmes qui se culpabilise à prendre le rôle de mère et d'éducatrice pour ses enfants plutôt qu'une carrière "prestigieuse" hors de la maison. La révolution féministe est sensée nous avoir permis de choisir, choisir selon nos valeurs et nos convictions. Une femme qui travaillait hors de la maison dans le temps pouvait se faire juger et aujourd'hui, une femme qui reste à la maison subie la même chose! Où est l'évolution? Je pense que toutes les femmes devraient pouvoir choisir ce qui lui semble être le mieux pour son bien-être et celui de sa famille. Pour ma part, j'ai trouvé l'équilibre en travaillant à temps partiel et en faisant garder ma fille seulement 3 demie journées pas semaine par Mami. Zéro culpabilité, tout le monde semble heureux! Mademoiselle éparpillée, n'écoute pas les commentaires négatifs. La plupart viendront probablement de femmes sans enfants ou de femmes jalouses. Fais ce qui te sembles le mieux, et passe de bons moments avec ta puce! Bisous! Doualie xx

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  3. Chère Doualie,

    Merci pour tes douces paroles. Il fait bon d'entendre des mots d'encouragement de la sorte. Il est vrai que toutes les femmes devraient pouvoir se permettre ce choix. Je suis très heureuse de m'être assumée et de l'avoir fait. Je suis aussi très chanceuse d'avoir un mari qui m'appuie dans cette démarche. Mais il y a des moments où le poids de la décision semble plus lourd à porter. Dans ces moments, je me rappellerai ton message.

    Merci d'avoir partagé ton expérience aussi. Bravo et bonne continuation!

    Mademoiselle Éparpillée

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  4. À mon avis, la société d'aujourd'hui est devenue individualiste et capitaliste. Dans un monde où tout se déroule à 100 milles à l'heure, beaucoup ont perdu de vue leurs belles valeurs et ne savent plus profiter du moment présent. Voilà pourquoi un jugement est si facilement porté. Je crois que l'important, c'est de s'écouter soi-même et d'être en accord avec ce que nous sommes au travers de nos choix. Pour ma part, j'ai pris une décision semblable: j'étais infirmière et j'ai démissionné pour être à la maison avec les enfants, car le travail m'imposait des réalités avec lesquelles j'avais de la difficulté à vivre. Je me suis tourné vers la littérature, l'écriture étant une de mes passions. J'aime travailler de la maison et suis maintenant parfaitement à l'aise avec ma situation.

    Je trouve que vous avez de très belles valeurs et faites des choix en fonction de la famille, qualité qui semble rare de nos jours. Alors, je vous lève mon chapeau!

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    1. Rester à la maison pour s'occuper de ses enfants est définitivement un choix de valeurs (ce qui n'enlève rien aux femmes qui ne font pas ce choix) et c'est aussi un choix dont on n'entend très peu parler autour de nous. Merci pour les mots d'encouragement et merci aussi de partager avec nous ton expérience. C'est très réconfortant d'apprendre que nous ne sommes pas seuls dans cette situation.

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  6. Mademoiselle éparpillée:
    Je suis une femme de carrière sans enfants dans la cinquantaine.Ce qui me frappe dans votre billet, c'est l'insécurité que vous semblez vivre face è vos choix. Mais pourquoi? Vos choix sont admirables en ce sens que vous respectez vos valeurs et votre intégrité personelle et familiale. Qui vous ébranle donc autant pour vous faire penser que vous êtes quétaine?? Mais il n'en est rien! Je pense que le milieu social dans lequel vous évoluez ne vous convient peut etre pas, car si le regard des autres autour de vous vous fait ressentir que vous êtes jugée, ces gens vous manquent de respect!!!Ne pensez surtout pas que vous avez à vous justifier à qui que ce soit. Vous êtes une jeune famille moderne qui tient à son intimité et à ses valeurs. Il n'y a RIEN de quétaine la-dedans. Cessez de vous dénigrer; Lily semble être une enfant heureuse et épanouie, vous avez un mari original et intelligent qui vous aime... n'ayez pas peur: savourez votre liberté, vos choix ne sont ni pires ni meilleurs que les autres , ce sont les votres, un point c'est tout.

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    1. Chère Anonyme,

      Merci pour le commentaire.

      Il est très probable que je vive de l'insécurité face à cette décision. Je crois aussi cela normal, du moins pour l'instant. Même si ce choix a été fait par mon mari et moi pour notre famille, la réalité reste que nous vivons en société et que nous devons porter nos décisions devant les gens qui nous entourent - ceux que nous choisissons et les autres aussi. Dans les mots de John Donne (1572-1631): «No man is an island». Mais ce qui est le plus ardu, c'est de vivre isolés dans cette situation, car les autres mères à la maison ne pleuvent pas et je suis certaine que Lili-Rose aimerait un peu de compagnie des fois. L'arrivée de notre deuxième fille lui sera bénéfique d'ailleurs. Pour l'instant, nous lui offrons des opportunité de socialiser avec d'autres enfants en fin de journée et le weekend surtout et nous visitons le parc dès que possible pour faire des rencontres.

      Merci d'ajouter que nous ne sommes pas quétaine. Je suis certaine que vous comprendrez que ce n'était qu'un brin d'humour déguisé en auto-dérision. ;)

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