mercredi 21 août 2013

Vitesse de croisière

J'ai la vague sensation de vivre en ermite. Vivre avec de jeunes enfants, ça met un frein à une vie sociale et un moratoire sur les folles sorties de soirée. Le soir est donc, plus souvent qu'autrement, passé à la maison. J'ai longtemps résisté que notre vie prenne cette direction suite à la naissance de Lili-Rose, mais je me suis ensuite aperçue du tout le bien que le cocooning pouvait offrir à notre famille.

Avant d'avoir des enfants, mon chum et moi rentrions rarement avant 21 heures à la maison, de semaine, et bien passé les petites heures du matin, le weekend. Marc est magicien. On vit dans le monde du spectacle. C'était un train de vie auquel nous nous étions habitués... Pour moi, les magasins, les restos... tout fermait toujours trop tôt à mon goût. J'étais d'ailleurs une habituée de la pharmacie 24h à quelques minutes de chez nous. Quoi de mieux que d'aller bouquiner à 1 heure du mat' après tout!

Au début, lorsque notre aînée était bébé, nous l'amenions partout, tout le temps. Elle dormait là nous étions: chez des amis, au resto, dans les coulisses d'un théâtre. Puis, elle grandit et commença à faire des siennes lorsque l'heure du coucher arrivait. Nous avons surmonté l'épreuve de la mettre au dodo dans de nombreux lits, au péril de notre santé mentale (et de nos relations sociales, soyons francs! Je m'épate que certaines personnes soient restées nos amis, d'ailleurs!).

Puis, lors de ma deuxième grossesse, j'ai cédé à l'idée de m'encabaner. Mon corps était fatigué et mon esprit cherchait à se familiariser à l'idée d'avoir deux enfants dans notre vie. C'est d'ailleurs à ce moment que notre plus vieille s'est mise à être I-N-C-O-U-C-H-A-B-L-E. Je veux dire que, pendant presque 6 mois, nous avons oscillé entre laisser notre fille capoter dans son lit 2 à 3 heures par soir et passer de 2 à 3 heures tous les soirs à accompagner notre fille dans son sommeil. Nul besoin de vous dire que la seconde méthode s'est avérée notre choix : tant qu'à passer du temps à gérer le sommeil de quelqu'un d'autre, autant le faire dans l'harmonie, fut notre raisonnement.

Mmmenfin! Nous sommes venus à bout de cette épreuve... puis un bébé est entré dans notre vie.

Pénélope a maintenant presque un an (ayoye!) et elle ne fait toujours pas ses nuits. Ce que j'entends par là, c'est qu'elle ne dort jamais plus de 3 heures de suite et qu'elle se réveille en moyenne 3 fois par nuit.

Qu'est-il arrivé de mon désir de sortir pour m'éclater toute la soirée? me demanderez-vous.

Ben, ça là.

J'espère parfois que cet élan de faire la fête reviendra un jour. Que je voudrai me réabonner au théâtre. Que les concerts ne seront plus que de vagues souvenirs de jeunesse. Que je contemplerai de nouveau l'idée de réserver un restaurant 3 mois d'avance pour une table à 21 heures.

En attendant, j'accepte mon sort. Les soirée en pjs sont plutôt confortables et mon cerveau commence à se réapproprier la capacité de lire un livre. Un petit verre de Syrah et un bon roman sont donc mes nouveaux amis de fin de soirée. That's how I'm cruisin' these days.

Quand à nos filles, je dois concéder que le train-train quotidien leur fait du bien. Entendons-nous, elles ne vont pas à la garderie, papa et maman travaillent à la maison et on est des artisssses!, alors le peu de stabilité qu'on peut leur apporter leur fait le plus grand bien. D'ailleurs, l'artiste en catharsis a dû prendre congé pour créer davantage de calme et d'harmonie. La plupart du temps, je me sens comme une artiste en hibernation. Les idées remuent dans ma tête nuit et jour et, une fois de temps en temps, j'ai quelques heures (ou minutes) à moi pour réellement créer. C'est dur de créer sur commande ainsi. Beaucoup plus dur que je ne pouvais le concevoir. La création était une autre de mes activités nocturnes, mais j'ai là aussi dû altérer ma vie pour le bien de tous. C'est un exercice auquel j'accepte de me livrer. Et il m'enseigne beaucoup sur la formation et la consolidation des idées puisque, lorsque je me lance enfin au travail... il ne faut pas que ça niaise.


Il m'arrive d'être frustrée de cette nouvelle réalité. Puis, comme par magie, je me souviens que ma fille de 3 ans était un petit bébé encore hier et que notre Pénélope ne sera plus un bébé très bientôt. Rien n'est permanent. Le moment que je vis sera bientôt chose du passé. Je choisis donc de passer mes soirées à endormir mes filles, puis à lire un bon livre (ou même un magazine trash) avec un verre de vin rouge.

Personne n'est mort en regrettant n'être pas assez sorti le soir.
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