Suite à notre aventure familiale sans télévision, nous avons décidé (lire ici que j'ai décidé...) de rebrancher le câble chez nous, pour l'instant, du moins. C'est davantage pour moi que mon mari ou ma fille, alors je prends tout le blâme.
Toutefois, lorsque notre fille s'est mise à regarder la télévision - traduction 5 minutes 2 fois par semaine - j'ai tout de suite commencé à me sentir coupable. Étais-je en train de la transformer en zombie de la télé parce qu'elle était initié à ce médium avant l'âge de 2 ans? Les scientifiques qui ont abordé le sujet sont clairs là-dessus. Avant deux ans, les enfants ne devraient pas regarder la télévision. Du tout. Les parents, quant à eux, se classent à différents endroits sur le baromètre télévisuel : de ceux qui ne possèdent pas de téléviseur à ceux qui le laissent allumé en tout temps - repas inclus - et pour qui la télévision fait à la fois partie du bruit quotidien de la maisonnée et occupe le rôle de gardienne d'enfants.
Je ne pense pas me situer à aucun de ces extrêmes. Même si j'admire ceux qui ne possèdent pas de télévision, je n'en serais pas capable (pour l'instant, du moins - voyez mon optimisme naïf ici!). De plus, face au sujet de la télévision, comme ceux du junk food et des consoles vidéos, entre autres, mon chum et moi pensons que de complètement en priver un enfant peut être aussi nocif que de l'y surexposer. Vous vous souvenez du truc que vos parents vous interdisait étant jeune? Moi oui...
Je ne pouvais porter à mes oreilles que de jolies perles distinguées ou des anneaux en or trop petites pour se faire remarquer. Je peux vous dire que dès que l'opportunité s'est présentée, je suis partie avec une amie au centre d'achats (sans supervision! autre interdiction) pour m'acheter une immense paire de boucles d'oreilles en forme de grappe de raisins... Dès que je sortais de la maison, je substituais à mes petites boucles d'oreilles de bon goût cette salade de fruits plastifiée qui aurait rendu Carmen Miranda très fière de moi. Avec du recul, je remercie ma mère de me les avoir confisquées dès qu'elle s'en ai rendu compte.
C'est l'interdiction qui a rendu le tout très séduisant à mes yeux. Je ne porte plus de grappes de raisins à mes oreilles aujourd'hui, mais c'est tout juste. Il m'est tout de même resté une fascination pour les boucles d'oreilles plus grandes que nature...
Mais j'en reviens à ma fille qui regarde la télévision. À la maison, on syntonise Yoopa quelques minutes, ici et là lorsque c'est l'émission de Théo. Théo la marionnette rend visite à des gens de différents milieux pour en apprendre plus sur leur travail. Sorte de petit documentaire hyper cute dont les capsules durent 5 minutes. L'émission a eu notre sceau d'approbation. Et on trouve Théo bien drôle et bien cute aussi avec sa moumoute orange.
On pensait donc que ce serait une bonne idée d'aller voir Théo faire un petit spectacle ce matin aux Promenades Saint-Bruno.
Nous sommes arrivés le sourire aux lèvres, armés de nos immenses cafés de chez Tim Horton et de nombreuses collations pour notre petite. Nous étions 15 minutes avant l'apparition de Théo. Donc à l'avance, pensais-je. Quelle erreur monumentale! La foule était plus nombreuse et chaotique que dans mon pire cauchemar. Des centaines d'enfants en poussettes avec leurs parents franchement agressifs se faisaient compétition pour les derniers minis spots debout. À des lunes de la scène. Cachés derrière des écrans. Où on ne voyait rien de toute façon, même assis sur les épaules de papa.
Inutile de vous dire que nous ne sommes restés que le temps de voir le top de la moumoute de Théo et d'entendre notre fille dire «où Théo?» deux ou trois fois avant de faire demi-tour et de réévaluer le plan de notre journée. Après coup, nous avons appris que certains parents attendaient depuis plus de 90 minutes avec leurs enfants pour apercevoir la marionnette vedette de la chaîne de télévision. 90 minutes? Avec des enfants d'âge préscolaire? Dans un centre d'achat à ne rien faire? Au milieu de tout ce bruit? Mais qui sont ces parents? Et vous voulez savoir le type de discours qu'on y entendait à ce rassemblement ?
« Mon fils est un maniaque de Yoopa.»
« Ma fille regarde tout le temps Théo.»
Tout le temps? Un maniaque? Ces enfants ne sont pas encore en âge de sortir de leur poussette et on leur attribue ce genre de comportement. J'avais juste envie de dire : mais c'est vous, en tant que parent qui décidez du comportement de votre enfant... vous trouvez ça normal qu'à deux ans, votre enfant ne décolle pas de la télé?
J'ai été dépassée par la situation. Je considère malsain de coller une étiquette de consommateur à ma fille de 22 mois et, même si je veux apprendre à ma fille la patience et le plaisir dans l'anticipation, je trouve abusif d'avoir à lui faire subir 90 minutes de tapage pour y arriver.
Après cette démonstration de comportements extrêmes, je me suis déculpabilisée du fait que ma fille regarde quelques minutes de télévision dans sa semaine. Peut-être que regarder un peu de télé ici et là ne rend pas zombie, après tout.
Et pour me féliciter d'être arrivée à cette conclusion et d'être une maman si réfléchie, j'ai mis mon pyjama, j'ai sorti ma plus grosse paire de boucles d'oreilles et j'ai allumé la télé!
Je suis une mère de 53 ans qui a eu 3 enfants. Lorsque mes enfants étaient au primaire puis au secondaire, mon mari et moi avions choisi d'interdire la télé du lundi au jeudi. Nous jugions que les devoirs, la douche, la pratique de violon ou de piano, le souper en famille assis autour de la table à échanger sur notre journée remplissaient suffisamment bien le 4 à 8 ou 9, heure déterminée du coucher. Le vendredi était jour de fête avec souvent un film au salon en famille, en mangeant de la pizza ou autre repas spécial. Nous n'avons jamais regretté cette règle de la maison, bien que ce fut plus difficile de l'appliquer au cadet qui s'est retrouvé seul plus souvent. Est-ce qu'un parent en 2012 peut prendre une décision semblable à la nôtre alors que les médias nous bombardent de partout? Je crois que oui. Lorsqu'on est convaincu que la règle établie vise le mieux-être et le développement sain de notre enfant, nous devons maintenir notre décision, inciter les enfants à occuper leur temps d'une autre manière et offrir notre présence, notre écoute et notre participation à des activités qu'ils auront choisies. Télé ou pas... à vous de choisir !!!
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