vendredi 1 février 2013

Je suis plus cheap que toi.

Mon chum et moi nous posons beaucoup de questions sur la nourriture que nous achetons, préparons, et mangeons. Beaucoup. Genre, pas mal plus que tout le monde que je connais mis ensemble... (à part peut-être une amie nutritionniste, qui se reconnaît probablement ici!). Je suis convaincue que quelque part au fond de moi se cache une petite mama italienne et que mon chum a probablement été goûteur dans une autre vie. À nous deux, nous avons certainement passé plus d'heures à regarder des épisodes de Iron Chef  et de Good Eats qu'il n'en faut pour obtenir son étoile Michelin (pour ceux qui ne sont pas calé en restauration, c'est certainement le titre le plus illustre qu'un chef et son restaurant puissent obtenir). Sur notre autel à la maison, à côté de Jésus et Bouddha, il y a une place spéciale réservée à Alton Brown, Heston Blumenthal, Ferran Adrià, Chris Cosentino, Jamie Oliver et bien d'autres...

Premièrement, je devrais expliquer que nous ne faisons pas notre épicerie de façon conventionnelle. C'est à dire que nous ne prévoyons pas les repas de la semaine, pour ensuite faire les achats en conséquence. Mon mari et moi sommes des artistes, au travail, comme dans la vie. Nous avons beaucoup de difficulté à faire les choses comme les autres... Nous nous rendons plutôt à l'épicerie et, en fonction de l'inspiration et de la disponibilité des produits, nous faisons nos achats. À la maison, nous avons donc le beau défi de marier les aliments de façon originale et harmonieuse. Nous faisons souvent de belles découvertes ainsi.

(Mais revenons au fait que nous nous posons vraiment beaucoup de questions à propos de notre nourriture.)

Quand nous contemplons l'achat d'un aliment, nous nous questionnons sur sa provenance, la façon dont il a été transporté, comment il est emballé, s'il est en saison, s'il est modifié génétiquement, cultivé traditionnellement ou de façon biologique, s'il provient d'un petit producteur ou d'une multinationale, comment il est emballé et, bien sûr, à quel prix il se détaille.

Et ça c'est le travail que nous faisons à l'épicerie (ou au marché ou au supermarché ou à notre fromagère à qui nous sommes très fidèles). Rendu à la maison, commence une autre série de questions.

Mis à part le goût, qui occupe notre esprit la majorité du temps (il y en a qui rêve d'aller dans le Sud ou de rencontrer une top modèle de Victoria's Secret, nous on rêve de bouffe!), nous nous posons des questions sur les techniques que nous utilisons dans la cuisine. Comment allons nous couper l'aliment, le faire cuire (ou non), le marier à d'autres saveurs... Nos familles et amis peuvent témoigner du fait qu'on ne mange jamais la même chose chez nous. Et c'est la beauté de tout cela à mon avis. Chaque jour possède ses propres découvertes culinaires. Et quand vous aimez la bouffe comme nous, il n'y a pas de meilleur cadeau.

Je comprends bien sûr que la nourriture n'occupe pas autant de place dans la vie de tout le monde, avec raison. Je comprends aussi la validité d'un horaire fixe (lundi : macaroni ; mardi : spaghetti ; mercredi : steak/blé d'Inde/patates...) et j'applaudis tous ceux qui utilisent ce système pour s'assurer de toujours avoir ce qu'il faut au bon moment. Ce qui est le plus admirable de ce système, c'est qu'il permet d'éviter le gaspillage.

Parce que, outre notre amour de la nourriture, notre esprit artistique et deux jolies fillettes, mon mari et moi partageons aussi une hantise du gaspillage.

Au restaurant, nous partageons souvent notre assiette et nous repartons toujours avec nos restants (si restants il y a) et, malgré notre système peu conventionnel pour faire l'épicerie et concocter nos plats quotidiens, nous ne jetons un aliment qu'à de très rares occasions (et celui-ci se ramasse alors dans le bac à composte, et non à la poubelle).

Quand j'entends des statistiques qui disent que 30% (des fois plus, selon la source des données) de la nourriture achetée en Amérique du Nord se retrouve aux poubelles, je ne sais plus quoi penser. Ici, nous sommes rendus riches à ce point que nous mettons en oeuvre tout ce système de production de la nourriture (de l'agriculture, jusqu'à la mise en vente) pour ensuite mettre le tout aux poubelles (qui soit dit en passant font partie d'un autre système complexe, coûteux et demandant pour l'environnement)!!!

Je capote.

Je ne suis pas la seule, d'ailleurs. Depuis plusieurs années déjà, dans beaucoup de villes, s'organisent des dumpsters dive ou chasse aux trésordures. Ce sont des expéditions organisée - ou non - qui font le tour de la ville à la recherche d'aliments dans les poubelles des gens, commerces et restaurants. Je ne parle pas d'un restant de pad thaï à moitié mangé jeté aux vidanges... Non, ce sont des aliments en excellente condition, quoique parfois «poqués» un peu ou qui viennent tout juste d'atteindre leur date d'expiration. Souvent, des caisses entières de fruits et légumes se retrouvent dans les poubelles, parce qu'ils ne sont plus beaux, tout simplement. Pourtant, tout jardinier ou agriculteur vous dira qu'un vrai fruit ou un légume conçu par Dame Nature (pas par Mosanto) n'est que rarement symétrique et immaculé.

Loin de vous suggérer de vous pitcher dans vos vidanges et celles de vos voisins, j'applaudis tout de même ces efforts des gens qui se rendent ainsi dans les poubelles pour rescaper des aliments encore délicieux. La plupart du temps, ces gens le font pour eux, mais aussi pour des banques alimentaire, ce que je trouve admirable.

Donc, à toutes ces questions sur l'alimentation que nous nous posons chez nous, s'ajoute aussi celle du gaspillage. Nous cherchons à l'éliminer et même, peut-être, à faire un peu plus, si c'est possible. Dernièrement, cela veut dire que nous achetons des aliments moins nobles, tels que des os de poulet ou de boeuf et que nous faisons nos bouillons maison avec ceux-ci ou avec les croûtes de notre Parseman. Dans la mentalité du snout to tail, du whole animal ou du sabot au museau en français, nous achetons aussi des abats, comme des foies de poulet pour préparer notre propre pâté de foie (au porto ou au pastis, selon notre envie!). Nous visitons toujours la section des fruits et légumes à prix réduits pour y trouver des aliments à manger le jour même, tels que des tomates qui goûtent quelque chose et des avocat enfin mûrs! Nous achetons aussi des pains de la veille chez le boulanger que nous congelons aussitôt pour faire de délicieuses bruschette (qui demandent du pain légèrement ranci de toute façon). Nous faisons des soupes frigidaires, comme ma mère me l'a enseigné, dans lesquelles nous mettons tous nos restent de légumes et, surtout, nous continuons de déguster, tout au long de l'hiver les merveilleuses récoltes de notre potager que nous avons pris le temps et le soin de congeler ou de mettre en conserve l'été dernier.

Certains nous traiteront de cheap, et je dois avouer qu'il ne nous est pas rare de subir le regard désapprobateur de ceux qui nous côtoient ou qui nous croisent et qui semblent se dire «Mais d'où sortent ces extraterrestres?». Mais je me réconforte aussitôt en pensant qu'ils n'ont pas le plaisir de découvrir la nourriture avec le même amour et le plaisir que mon mari, mes filles et moi.

Parole de mama.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...