mercredi 7 septembre 2011

Touche pas à ma culture!


Mon mari, ma fille et moi avons aujourd'hui affronté le Pont Champlain dans l'espoir d'assister à un moment historique: le premier concert de l'Orchestre Symphonique de Montréal dans sa nouvelle salle, la Maison Symphonique de Montréal. À mon grand bonheur, j'ai appris il y a quelques jours que le spectacle allait être diffusé à la radio et à la télévision de Radio-Canada, en plus d'être présenté en plein air, juste à côté de la nouvelle salle. 

Nous avons donc bravé vents et marées pour aller sur place écouter jouer notre orchestre. Tous ceux qui ont de jeunes enfants savent à quel point il peut être demandant de se déplacer avec les enfants dans ce genre d'évènement, surtout le soir, alors qu'ils sont normalement au lit. Mais bon, c'était une exception, me suis-je dit...

J'avais toutefois oublié que notre chère Société d'état qu'est Radio-Canada s'est transformée au cours des dernières années et garde maintenant en otage notre culture nationale. Au lieu de la couverture de la culture canadienne, nous avons maintenant droit à un melting pot de musiques du monde, franco, yéyé, jazz, urbain, folk engagé, classique remixé, et j'en passe.

Il semble, plutôt, que la vraie culture soit maintenant l'affaire d'une petite clique soit élitiste, ou encore tout simplement chanceuse.

Je m'explique. 

La première partie du concert était dédiée à des oeuvres de compositeurs québécois: Claude Vivier, Gilles Tremblay et Julien Bilodeau. De petites oeuvres, mais juste ce qu'il nous fallait pour célébrer notre héritage culturel et initier tranquillement notre fille à l'écoute de la musique classique, sans y passer la soirée. 

Nous nous sommes présentés à 19 heures, soit une heure d'avance, histoire d'apprécier un pique-nique al fresco avant le début du concert. Nous voulions ensuite écouter attentivement la première partie du concert et mon mari et moi allions ensuite écouter la Neuvième Symphonie de Beethoven à la radio sur le chemin du retour, pendant que notre cocotte faisait dodo.

Mais non! Alors que le gratin de la société montréalaise assistait à la première partie du concert en salle et que le reste du pays l'écoutait à la radio ou à la télévision, nous et tous ceux qui ont osé se déplacer sur le site en plein air... avons eu droit à du tango live, de la musak du monde et un CD de Ariane Moffatt - toutes des musiques qui peuvent être très agréables, mais qui n'avaient pas leur place à un évènement de l'OSM!?!

Quel message la SRC nous envoie-t-elle? Aurions-nous dû rester chez nous? Ne méritions-nous pas d'entendre les oeuvres présentées en première partie? Pourquoi garder cette première partie en otage. La prise de son était faite. Le réalisateur et les techniciens avaient fait leur boulot. 

Ici Radio-Canada, mon oeil. J'étais là, pis Radio-Canada je l'ai pas entendu!


La culture est souvent tabou au Québec et la nouvelle radio/télé d'état fuit son devoir de transmetteur de la culture. Outre les quelques sosies de Xavier Dolan et les snobinards au faux accent français qui ne lisent que le Devoir, il est souvent mal vu de posséder ne serait-ce que des notions rudimentaires de culture générale. Voilà le message que j'entends à la SRC et qui est repris en plein air ce soir. Les références en musique classique dans le répertoire collectif  doivent se limiter au Printemps de Vivaldi, à la première phrase musicale de Für Elise et au thème de Pirates of the Carribeans. J'exagère à peine.

J'ai grandi dans une famille musicale. J'ai étudié la musique de nombreuses années et, même si mes connaissances sont loin d'accoter celles de mes parents, je crois posséder quelques rudiments de culture musicale, voire artistique. On m'a montré à lire les oeuvres classiques, à visiter des musées, à assister à des concerts, à regarder des films répertoires, bref à être curieuse. Et à avoir du plaisir à travers tout cela.

Pendant une portion de ma vie, j'ai porté cette culture comme un boulet. Mais plus maintenant. Je la vois maintenant comme une ouverture incroyable à la beauté dans notre monde. Beauté que je souhaite transmettre à ma fille. Je souhaite aussi qu'elle apprenne à porter cette culture comme un badge d'honneur

Cette soirée ne fut pas tout à fait l'Hymne à la Joie que je souhaitais, mais je suis tout de même heureuse d'avoir eu le courage de me dégourdir un peu et de d'exposer ma fille à un brin de culture. Avec un peu de chance, la prochaine fois, il y aura de la musique au rendez-vous...!


Mes félicitations à l'OSM et à Maestro Nagago pour l'inauguration de cette nouvelle salle de concert tant attendue! La prochaine fois, je prends des billets!



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