lundi 8 août 2011

La curiosité est dans l'assiette

Selon moi, l'attrait de voyager et de découvrir un nouveau coin du monde se résume à l'architecture, les gens, l'histoire, les attraits culturels et la cuisine... surtout la cuisine! J'aime beaucoup cuisiner (et manger bien sûr) et si l'attention portée aux détails dans mon assiette est importante à la maison, ma curiosité face à la cuisine et ses secrets n'est que plus grande lorsque je quitte la maison.

J'adore découvrir de nouveaux ingrédients, de nouvelles approches culinaires, des techniques méconnues, des accords surprenants. Et lorsque je voyage, je suis toujours à la recherche du petit bijou de restaurant/épicerie/stand-de-coin-de-rue qui sert de la nourriture typique de l'endroit.

J'étais donc extrêmement heureuse de me rendre en Gaspésie pour déguster les trésors de la mer apprêtés avec amour et savoir-faire.

Quelle fut ma surprise de découvrir, qu'outre l'occasionnelle crevette, les Gaspésiens ne se délectent pas de leurs spécialités locales. Le poisson et les fruits de mer semblent plutôt réservés à la gent touristique qui peut les déguster plus souvent frits ou baignant dans la béchamel ou la mayonnaise (Hellmann's, quoi d'autre!) qu'autrement.

Et pourtant, les crevettes, le crabe, le homard, la morue, le saumon, les pétoncles semblent partout en images, sur les affiches annonçant le nom des villes et les mille et un t-shirts disponibles dans les boutiques souvenir...

Je généralise, me direz-vous. Certainement. Pourtant, je me questionne à savoir pourquoi les gens du coins ne profitent pas plus de ces merveilles qui sont à leur portée (et que ma fille et moi avons mangé en quantité non raisonnable, croyez-moi).




Je me rends compte, surtout depuis que ma petite fille a quitté les purées et qu'elle mange des aliments courants avec nous à table, que les habitudes alimentaires, les goûts et les dégoûts commencent dans la tête. Et que les idées et préconceptions que les gens se font de la nourriture forgent la grande majorité de leurs préférences. D'ailleurs, mon chum me parlait l'autre jour de Heston Blumenthal, le célèbre chef et auteur britannique. Dans son livre, The Fat Duck, il parle d''une étude qui a été faite auprès de personnes souffrant d'Alzheimer. On présentait à ces gens des mets qu'ils disaient détester avant d'être malade et, à la surprise générale, le dégoût face aux aliments disparaissait. Il semble donc que les goûts sont davantage forgés dans la mémoire et les expériences que dans les papilles gustatives.




D'où l'importance de créer des mémoires positives face à la nourriture. Qui se souvient s'être fait gâter avec une crème glacée, une barbe-à-papa ou un chocolat chaud? Pourquoi ne pas tenter de rendre plus agréable l'expérience face aux carottes, à la bette-à-carde et aux pois chiches?




J'admire les Italiens, les Indiens, les Chinois, les Japonais, les Mexicains (et j'en passe) pour leur réussite à cet égard. Pour chacun des ces peuples, il existe un rituel face à la préparation, la consommation et le partage de la nourriture qui transforme chaque simple repas en une fête. La nourriture n'a pas besoin d'être compliquée, mais on met toujours des aliments de qualité de l'avant: une tomate fraîchement cueillie, des oeufs frais, une aubergine qu'on a pris le temps de dégorger avec un bon sel de mer, un morceau de pain chaud nappé d'une huile d'olive de qualité, un fromage fin, une sauce longuement mijotée avec amour. Sans oublier les nombreuses herbes fraîches et épices qui peuvent relever le plus humble des plats de haricots, de riz ou de lentilles.


Lors de notre voyage de noces en Italie, mon mari et moi avons été frappés par la simplicité des mets qui nous étaient présentés: nous avons pourtant mangé certains des meilleurs repas dont je peux me souvenir. J'essaie donc de me remémorer mes expériences culinaires pour m'inspirer au quotidien dans la cuisine. Curieusement, j'essaie de simplifier mon approche et mes plats et je suis impressionnée du résultat.

Je vous mets donc au défi de manger simplement, mais de prendre le temps d'apprécier ce que vous mangez. Sous le soleil d'été, c'est certainement la meilleure chose à faire. Deux ou trois ingrédients mis à l'honneur et vraiment dégustés. Mmmm. Qui veut des crevettes de Matane?

2 commentaires:

  1. Encore une fois... quel texte persuasif. J'adore le rythme avec lequel les idées sont mises de l'avant et les subtilités dans le choix des mots. Merci de me faire sourire chaque fois que je te lis. Cela met du bonheur dans mes journées !

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