Quand je réfléchis au parcours professionnel de mon mari et moi, je ne peux que sourire. Il a laissé un Bacc en informatique pour devenir magicien. Pour ma part, j'ai quitté, dans ses tous débuts, un Bacc en administration à McGill pour aller vers l'enseignement, puis j'ai démissionné de mon emploi d'enseignante après 3 ans de pratique seulement.
Sommes-nous des décrocheurs?
Je ne peux m'empêcher de mon poser cette question, puisqu'il y a maintenant 2 jours, nous avons pris la décision de retirer notre fille de la garderie. Non pas pour une autre garderie, mais pour la garder avec nous.
Des fois, je me demande ce que les gens pensent de nous. Mon chum est un artiste qui travaille très fort pour faire vivre sa famille. Pour ma part, je suis difficile à classer, comme en témoigne le titre de mon blog. Et voilà que nous entraînons notre fille dans nos déboires?
Quand nous rencontrons quelqu'un pour la première fois ou que nous avons un rendez-vous sérieux - genre à la banque - vous devriez nous voir en train d'essayer de décrire ce que l'on fait dans la vie. Ou bien à quoi ressemble notre horaire. Ou notre salaire. On n'a ni titre (sauf Marc, mais
Magicien c'est pas honnête honnête comme titre professionnel, comme peut en témoigner une conversation avec n'importe quel agent d'assurances), ni horaire fixe, ni salaire fixe... c'est un monde de flou.
S'il y a quelque chose qui n'est pas flou dans notre vie, par contre, c'est notre système de valeurs familiales. On est un peu grano, parfois végétarien, certainement écolo, très artistes, plutôt touche-à-tout. Notre fille est aux couches lavable et mange du yogourt nature. Nous faisons pousser notre nourriture au jardin potager communautaire. Nous ne regardons pas les nouvelles. Par choix. Nous récitons notre bénédicité à table avant chaque repas.
Gang de malades, me direz-vous.
Ben oui. Je ne peux pas vous contredire là-dessus. Pourtant, je trouve important de vivre les valeurs auxquelles je crois. L'amour. La créativité. Le partage. La gratitude. C'est peut-être quétaine, mais ça nous «ground». Et ce n'est pas toujours facile. Je ne suis pas sacro-sainte. Il nous arrive d'acheter des couches jetables, de manger chez McDo, de prendre le char pour aller en ville ou de se taper un marathon de films mettant en vedette Pauly Shore.
Notre fille a donc joint nos rangs en décrochant elle aussi. Jusqu'ici, nous étions très satisfaits du service de cette garderie en milieu familial, puis la responsable a dû quitter le pays précipitamment pour des raisons personnelles. Ce qui devait être temporaire s'est éternisé et on nous a finalement appris qu'elle ne reviendrait qu'à la fin juillet. Sans elle le service est devenu plutôt banal (je pèse mes mots). Les jeunes étaient encabanés à longueur de journée, regardaient la télé et mangeaient du
junk food. J'ai eu le coeur brisé de la séparer de ses amis mais, en parents collés à nos valeurs que nous sommes, cela ne nous convenait plus. On s'est demandé si on voulait qu'elle aille dans une autre garderie mais, pour l'instant, la réponse semble être non.
Nous allons donc apprendre à travailler avec Lili-Rose à nos côtés. Nous sommes très réalistes. Ce ne sera pas aussi productif, mais cela nous va pour le moment. Notre routine devra être davantage remplie de jeux, de dessins et de sorties au parc. De couches, de berceuses et de collations aussi.
Je pense que je vais survivre. ; ) Je ne suis pas la première mère au monde à rester à la maison avec ses enfants, après tout? Ou le suis-je? Au Canada anglais, aux États-Unis et dans plusieurs autres pays, beaucoup de femmes choisissent de rester à la maison pour élever leurs enfants. C'est une réalité très peu présente au Québec. Rester à la maison pour s'occuper de ses enfants, ça ne fait pas très 21e siècle! Je suis une femme qui est allée chercher une formation universitaire, il semble donc attendu de moi que je place ma fille en garderie pour aller gagner ma vie de mon côté.
Dans ce contexte, je trouve notre choix quelque peu difficile à porter, même si je suis convaincue de son bien fondé.
Je vous tiendrai au courant des hauts et des bas de cette nouvelle aventure dans certains de mes articles. Souhaitez-moi bonne chance!